Un air de hygge
De la terrasse du chalet, une vue prodigieuse sur l’architecture de Flaine. Les « inventeurs » et mécènes de la station, Éric et Sylvie Boissonnas, l’avaient confiée à Marcel Breuer,maître du Bauhaus et auteur du siège de l’Unesco à Paris.Seule station de sports d’hiver des années 1960 classée à l’inventaire des monuments historiques, Flaine appartient désormais au « patrimoine architectural du XXe siècle ». Situé plus haut en altitude, à1 800 mètres, le hameau « norvégien» date des années 90et n’a rien de commun, ni dans l’esprit ni dans le style,avec la station historique. Ses80 chalets individuels en bois arborent des façades blanches ou grises, et des encadrements de fenêtres rouges, verts, bleus ou jaunes.
Comme celui rénové par Hélène Roux, architecte d’intérieur et décoratrice bien connue de la région. Les propriétaires sont anglais et fous de ski. Pas un hasard : Flaine est, avec Les Gets, la station favorite des Anglo-Saxons dans les Alpes françaises. Les années ont passé, leurs enfant sont grandi, bientôt une troisième génération profitera du refuge familial. Il fallait donc repenser les 180 m2 pour recevoir dix personnes, les rendre plus accueillants et fonctionnels.Étonnamment, le chalet n’avait jamais eu de véritable entrée, absente des plans initiaux.Hélène Roux en a créé une, qui abrite la ski room indispensable à cette famille sportive. Le premier niveau a été reconfiguré autour de la pièce à vivre, de la salle à manger qui accueille désormais un mobilier sur mesure, de la cuisine réorganisée autour d’un îlot central, des deux salons dont l’un plus intime permet de s’isoler et d’une salle de jeux.
L’escalier en chêne qui dessert l’étage trop lourd pour l’espace, a été redessiné afin d’alléger l’ensemble et améliorer la circulation. Des garde-corps en verre transparent réduisent son impact visuel. Les circulations de l’espace nuit, à l’étage, n’ont pas été modifiées mais les chambres ont été refaites, des rangements créés, les boiseries repeintes, les salles de bains réaménagées. « Au fil des années et des précédentes modifications, le chalet avait perdu son âme scandinave et sa cohérence, explique Hélène Roux. Nous lui avons redonné son unité, notamment à travers les bois clairs et le camaïeu de bleus nordiques et de verts qui court des canapés aux têtes de lit,des coussins aux tapis, des assises à la vaisselle. Le sol en carrelage a été remplacé par un parquet en chêne. C’est un chalet extrêmement chaleureux ».
Et lumineux par son exposition plein sud dont bénéficie la terrasse abritée par son avant-toit imposant.L’hiver, elle n’est jamais recouverte par la neige ; l’été, elle est protégée d’un ensoleillement trop direct. Le mobilier d’extérieur reprend les codes couleurs de l’intérieur. Enfin,clin d’œil au mode de vie nordique, le bain suédois qui trône devant le chalet n’est pas là pour la figuration, assure la décoratrice, mais procure la pause bien-être réparatrice après le ski.